Construire sa famille et faire famille aux yeux du monde

Qu’est-ce qui est nécessaire pour faire (entendre : construire) sa famille ?

Qu’est-ce qui fait (entendre : donne l’image) une famille aux yeux de la société, d’autres parents et des professionnels ?

Sommaire

Le terme « faire famille », de plus en plus utilisé, définit avant tout, le « comment » et le « pourquoi » de la construction et du fonctionnement d’une famille.

Pourtant il y a une notion extrêmement essentielle et primordiale, aujourd’hui, c’est celle de « faire famille aux yeux du monde ».

Dans notre société actuelle, la norme, la manière dont on se représente la famille stagne. On pense à deux parents, hétérosexuels, qui ont eu des enfants « naturellement ». La maman s’occupe essentiellement des enfants, et le père malgré le fait qu’il travaille pour maintenir la situation financière du foyer, prend de plus en plus une place égale dans l’éducation de l’enfant.

Aujourd’hui, il existe autant de systèmes familiaux que de famille elle-même. Donc faire famille aux yeux du monde, c’est aussi être reconnu, légitimé, et pris en compte en tant que famille quel que soit sa composition et son fonctionnement.

On admet facilement qu’il y a plusieurs schémas familiaux, mais la diversité n’est pas encore considérée comme une norme en tant que telle.

Lorsqu’on parle des croyances et des représentations de la famille, on touche à la sphère intime de chacun. Ses croyances et ses représentations sont la base de nos identités personnelles et donc de nos valeurs. Lorsque ses croyances, ses représentations et ses valeurs sont concernées, nos réactions, nos comportements et nos pensées peuvent « se mettre en mode défensif » pour protéger notre propre intégrité et nos limites. C’est pour cette raison qu’il est primordial de pouvoir se questionner sur notre représentation de la famille, pour mieux comprendre son propre fonctionnement. Mais ses questionnements permettent aussi aux personnes travaillant dans le domaine du social de travailler leurs résonances dans le but d’améliorer son accompagnement et sa prise en compte du bénéficiaire.

Questionner sa représentation de la famille 

Les questions permettent de comprendre comment chacun de nous se représente la famille. Premièrement pour mettre en lumière le champ des possibles, mais aussi pour se rendre compte du chemin à parcourir pour que toutes les familles aient une place dans notre société.

  • Qu’est-ce qui définit qu’un groupe d’individu est une famille ?
  • Comment se compose une famille ?
  • Qu’elles sont les étapes qui mènent à « faire famille » ?
  • Quelles sont les différentes manières « d’avoir » un enfant ?
  • Quelles sont les difficultés rencontrées pour « avoir » un enfant ?
  • Quelles sont les principales difficultés rencontrées par la famille ?
  • Quelles sont les familles qui vous attendrissent et vous émerveillent ?
  • Quelles sont les familles qui au contraire vous questionnent, vous inquiètes ?
  • Qu’est-ce qui est nécessaire pour faire (entendre : construire) sa famille ?
  • Qu’est-ce qui fait (entendre : donne l’image) une famille aux yeux de la société, d’autres parents et des professionnels ?
  • Comment sont les relations au sein d’une famille ?
  • Quelle est la répartition des responsabilités et des rôles au sein d’une famille ?

Pour les professionnels du domaine social, il est intéressant de prendre ces questions, une à une, et de faire le lien avec les bénéficiaires accompagnés et leurs propres schémas familiaux. Leurs réponses donneront des pistes concernant les résonances, et les différences d’accompagnement qui en découlent envers les bénéficiaires.

Représentation des familles

Qu’est-ce qui définit qu’un groupe d’individus est une famille ?

  • En théorie, un groupe lié par un lien de filiation ou d’alliance, mais en réalité une famille peut aussi une « famille de cœur ».

Comment se compose une famille ?

  • Elle se compose d’un ou plusieurs parents, d’un ou plusieurs enfants, de deux générations ou plus, sur un ou plusieurs degrés.

Qu’elles sont les étapes qui mènent à « faire famille » ?

  • Les étapes sont presque infinies, du fait aux multiples domaines et enjeux qui peuvent être sollicités dans ce processus, de manière résumée les étapes pourraient être :
    • La prise d’indépendance vis-à-vis de la famille dans la quel on est issu,
    • La projection dans sa propre vie et dans sa vision de sa « future » famille,
    • La co-projection,
    • « Avoir un enfant »,
    • Développer son fonctionnement familial, éducatif, relationnel, etc.,
    • La prise d’indépendance de l’enfant.

À savoir que toutes les familles ou les individus ne passent pas nécessairement par chacune des étapes. La famille peut être perçue sur plusieurs niveaux générationnels et plusieurs degrés de parentalité.

 

Quelles sont les différentes manières « d’avoir » un enfant ?

  • Conception « naturelle » 
  • Fécondation in vitro (FIV)
  • Procréation médicalement assistée (PMA)
  • Gestation pour autrui (GPA)
  • Adoption
  • Parents nourriciers
  • Famille d’accueil
  • Coparentalité

Quelles sont les difficultés rencontrées pour « avoir » un enfant ?

  • Difficulté ou impossibilité à concevoir « naturellement »,
  • Financière (coût lié à l’éducation, l’adoption, FIV, PMA, GPA, etc.),
  • Reconnaissance des dispositions parentale (famille arc-en-ciel),
  • Démarche administrative,
  • Etc.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par la famille ?

  • Financière,
  • Éducative,
  • Relationnel,
  • Répartition des rôles et de la charge mentale,
  • Équilibre vie privée, vie professionnelle,
  • Légitimassions, reconnaissance et prise en compte par la société,
  • Charge émotionnelle,
  • Environnemental et contextuel (pays « riche », guerre, famine, maladie, etc.),
  • Etc.

Quelles sont les familles qui vous attendrissent et vous émerveillent ?

Réponse personnelle

En ce qui me concerne, ce sont les familles qui ont vécu un parcours difficile pour réussir à faire famille, ou celle de mes proches que j’ai vu évoluer en tant qu’individu « seul » et devenir parent. Mais aussi les familles qui se donnent les moyens, font du mieux qu’elles peuvent pour offrir le meilleur possible à leur enfant.

 

Quelles sont les familles qui au contraire vous questionnent, vous inquiètes ?

Réponse personnelle

Pour moi, les familles qui me questionnent le plus ou parfois même m’inquiètent sont celles qui ne voient pas la détresse que peut vivre l’enfant ou l’un des parents. Non pas par jugement, mais parce que lorsqu’on ne voit pas une problématique il est impossible d’agir pour le résoudre.

 

Qu’est-ce qui est nécessaire pour faire (construire) sa famille ?

Construire sa famille, en théorie c’est simple, en pratique c’est plus fin que cela. La seule chose véritablement « nécessaire » c’est la volonté de faire famille. Mais on associe le besoin d’amour et le sentiment d’appartenance à cette volonté. Tout comme parfois, surtout dans les pays occidentaux, on associe la notion d’argent et de ressources suffisante pour élever un enfant. Malgré tout, pour certaine famille, la volonté à elle seule ne suffit pas. Le parcours peut devenir un vrai parcours du combattant pour « faire famille ». Que ce soit en enchainant les rendez-vous médicaux, les démarches administratives et des recherches. Sans oublier, le bagage émotionnel qu’implique de passer d’instant de joie et d’espoir à ceux du deuil ou de la désillusion. Mais faire famille ne s’arrête pas à l’arrivée de l’enfant, bien aux contraires. Lorsque l’enfant est là, la construction et la consolidation continuent que ce soit dans les choix éducatifs, dans l’évolution des besoins de l’enfant, de chacun des parents, mais aussi dans la relation entre les parents, la construction se fait à chaque instant.

 

Qu’est-ce qui fait (donne l’image) une famille aux yeux de la société, d’autres parents et des professionnels ?

En général lorsqu’on pense à une famille, on a tendance à voir deux parents hétérosexuels, avec un ou plusieurs enfants, avec parfois les grands-parents. La manière dont on va se représenter « la famille » est intimement liée à notre propre vécu et nos expériences. On se représente en premier lieu une famille qui ressemble à la nôtre ou à celle idéalisée. On peut aussi avoir tendance à penser qu’une famille dysfonctionnelle n’en est pas une parce que même si notre cerveau à une tendance naturelle à prendre en compte le négatif, il aime tout autant l’espoir.

Quand tu penses « donner l’image d’une famille » as-tu toi aussi les mots « heureuse », « épanouie » ou « aimante » qui te viennent en tête ?

Si c’est le cas, c’est tout à fait normal. On a tous cette intention d’être heureux, épanouis et aimés, donc c’est compréhensible que ce soit l’image qu’on ait envie de montrer au monde et aux autres. Mais cette intention peut parfois être un piège et un biais de jugement. Quand on croise des parents avec leurs enfants ou qu’une personne nous raconte son vécu, on peut avoir tendance à chercher « le bien » et « le mal » dans ce qu’on voit et ce qu’on entend. Et donc à juger se parent dont l’enfant fait une « crises » au super marché pour des bonbons, ce parent qui confie leur enfant pour aller travailler, ou encore ceux qui vive des conflits au sein de leur famille. De plus, les études et les recherches sur lequel se base notre vision d’un système éducatif est essentiellement basé sur l’impacte et l’importance du lien entre une mère biologique et son enfant. Donc dès que ce lien « semble » être mis en danger, on a tendance à penser que cela créé des difficultés pour l’enfant.

Or aujourd’hui, la société a évolué et de nouvelles études et recherches viennent mettre en doute le besoin impératif de ce lien. Même s’il reste important, car durant la grosse le fœtus créer un lien avec la mère biologique. Il n’existe à ce jour aucune étude ou recherche prouvant qu’un enfant qui n’est pas élevé par sa mère biologique sera plus malheureux qu’un autre, tout dépend du contexte dans lequel l’enfant a grandi et de multiple facteur.

Donner l’image d’une famille c’est donc un effort constant pour « prouver » aux yeux de la société et des autres qu’on est un bon parent et que l’enfant s’épanouit.

 

Comment sont les relations au sein d’une famille ?

En réalité, il existe autant de relations différentes que d’individu, même si elles sont souvent regroupées en deux catégories : fonctionnel et dysfonctionnel.

Les relations au sein d’une famille ont les mêmes enjeux que n’importe quelle relation. À ceci près que la vision sociale entraine une pression supplémentaire de l’importance d’avoir des relations saines avec sa famille et beaucoup de difficulté à accepter lorsque les liens sont brisés entre membres de la famille. Dans la plupart des cultures, la famille et le pilier central de la construction de soi, des valeurs et de la vision de la société. Sous cet angle, ne pas être intégré à sa famille peut signifier ne pas être intégré à la société et donc mettre en jeu le besoin d’appartenance.

La société a aussi tendance à tenir compte des familles « saines » et oublier les familles dysfonctionnelles ou les juger. En effet, c’est plus facile pour l’être humain de tenir compte uniquement des schémas auxquels il a envie de ressembler ou d’être associé.

 

Quelle est la répartition des responsabilités et des rôles au sein d’une famille ?

Malgré tout, la société conserve la première pensée que le rôle de la mère est celui de s’occuper des enfants, et d’être la figure rassurante et aimante. Contrairement au père à qui on prête le rôle de celui qui maintient la stabilité financière, et qui a le rôle de l’autorité. D’un côté, la société juge les mères trop autoritaires, qui travaillent trop. D’un autre, elle juge les pères qui ne « rapportent pas assez » qui ne sont pas assez autoritaires.

Réponse personnelle

Je pense qu’aujourd’hui il est important de ne pas figer les rôles, chaque parent devrait pouvoir se sentir libre dans la répartition des responsabilités et des rôles en fonction de son caractère, de ses valeurs et de son mode de vie, dans la mesure où il tient compte de l’intégrité physique, psychique et émotionnelle de son enfant, mais aussi de la sienne. Les rôles peuvent évoluer au fil de la vie et les responsabilités, elles, évoluent généralement à mesure que l’enfant grandit.

Florilège de famille

Qu’on soit prêt à l’admettre ou non, les profils familiaux ont énormément évolué ces dernières années. Voici une liste non exhaustive des schémas familiaux.

Famille :

  • Hétéroparentale,
  • Homoparentale,
  • Monoparentale,
  • Séparée/divorcée,
  • Mariée/non mariée,
  • Concubinage/non-concubinage,
  • Recomposée,
  • Nucléaire,
  • Élargie,
  • Coparentale (légale),
  • Coparentale (collocation familiale),
  • D’accueil,
  • Adoptive,
  • Fonctionnelle/dysfonctionnelle,
  • Multigénérationnelle,
  • Multiculturelle,
  • Polyfamille,
  • Pluriparentalité,
  • Etc.

Chacun peut, bien évidemment, se retrouver dans plusieurs catégories en fonction du schéma dans lequel on a grandi et de celui construit on peut avoir une multitude de combinaison différente.

Construire sa famille

On pourrait croire que la famille se construit au moment de la grossesse et de la naissance d’un enfant. Mais ce processus est bien plus « grand » et plus « long ». En réalité, on construit sa famille dès notre naissance. Les relations qu’on noue au fil de notre vie nous permettent de vivre des expériences et de commencer à établir le type de relation que nous souhaitons et celle que nous créons inconsciemment. Lorsqu’on grandit, on rencontre tout un tas de familles différentes, et notre esprit les classe inconsciemment pour nous préparer à notre propre construction familiale.

D’ailleurs, un embryon féminin à partir de la vingtième semaine de grossesse environ, à environ 7 millions d’ovules par ovaire, jusqu’à la naissance, ce chiffre va diminuer d’environ 1 million par semaine. Lors de ses premières règles, une fille disposera d’environ 400 ovules fécondables pour toute la durée de sa vie. Le corps est donc lui-même déjà dans un processus de procréation et finalement de « faire famille » avant même sa naissance.

Mais pas seulement, durant notre vie, nous projetons tout un tas de pensée sur que sera notre vie et notre future famille. Ces projections deviennent généralement de plus en plus nombreuses lorsqu’on rencontre quelqu’un, qu’on se projette dans une relation. On se projette alors en tant que couple, en tant que futurs parents, on imagine à quoi ressembleront nos enfants, comment ils se comporteront, comment on se comportera avec eux, etc. Toutes ces pensées sont déjà une reconstruction de la famille, de sa famille.

Le processus se concrétise lorsque le projet « d’avoir » un enfant arrive. Toutes les expériences vécues de la conception à la naissance, l’investissement et les réflexions menant à l’adoption, ou à l’accueil d’un enfant dans le foyer (familles recomposées, famille d’accueil, etc.) continu cette construction.

Quelle que soit la manière dont l’enfant intègre la famille, c’est un chamboulement. Toutes les pensées, les projections, les expériences, les réflexions et les attentes se mélangent. L’enfant lui n’a pas conscience de tous ces enjeux, et le plus souvent nous n’en sommes pas conscients nous-même. Chaque nouvelle étape de la relation, du développement de l’enfant, de son cheminement personnel et professionnel ajuste et modifie le « faire famille ».

Lorsque l’enfant grandit, qu’il devient adulte et se projet dans sa propre famille, la aussi c’est un nouveau chamboulement. La famille tél qu’on a connu n’est plus, les parents jusqu’à là pilier de la vie de leur enfant, doivent lâcher prise, car l’enfant devenu adulte est devenu lui-même un pilier pour sa propre famille.

Construire sa famille est donc un processus d’une vie, ou en réalité de toutes les vies qui ont fait de nous qui nous sommes et de toute celle que nous rencontrerons encore.

Parcours pour devenir parents

Le parcours pour devenir parent est intimement lié aux parcours de « construire sa famille ».

Mais le parcours pour devenir parent est parfois difficile, fatiguant émotionnellement, psychologiquement et physiquement.

Lorsqu’on envisage devenir parent et qu’on imagine notre parcours, on a naturellement tendance à penser que « c’est facile », mais ça ne l’est pas ou du moins pas toujours. Certains ont la chance de « tomber » enceinte rapidement et sans difficulté, mais dans certains cas cette chance peut aussi être difficile, dans le cas d’une grossesse non désirée par exemple.

Pour d’autre, le chemin sera plus long, plus douloureux, voir impossible dans la manière dont ils se le sont imaginé.

Parfois, c’est la société qui créé des difficultés pour devenir parent, en jugeant les décisions, on ne « facilitant » pas le parcours.

Dans certains cas, concevoir un enfant ou adopter un enfant peut avoir un coût certain qui n’était pas forcément envisagé.

Au-delà des coûts d’éducations et de soins, le parcours pour devenir parents peut engendrer des coûts de 0 à 250 000 CHF, voire plus. Cela comprend généralement, les congés, les frais médicaux à l’étranger pour les FIV, les PMA, les GPA, les frais d’adoption, les voyages sur place, les frais d’avocat et administratifs, etc.

Mais le parcours ne s’arrête pas là, devenir parent n’est pas innés, devenir parents c’est apprendre tous les jours à l’être du mieux qu’on peut.

Même si les stades de développements de l’enfant sont en théories les mêmes, chaque enfant les vit d’une manière qui lui est propre. Élever un enfant c’est s’adapter constamment à ses évolutions, ses besoins, ses attentes et se difficulté, mais aussi tenir compte de ces mêmes éléments envers soi, parent.

Il n’y a ni baguette magique ni recette miracle. Chacun construit sa propre parentalité en fonction de son vécu et de ce qui le constitue.

Faire famille se ne sont pas des rôles, mais des pratiques, et les pratiques ça s’adaptent.

Gabrielle Richard, Faire famille autrement

Pour les enfants

La famille est essentielle dans la construction de l’enfant, mais pas seulement, l’amour est tout aussi essentiel pour grandir et ce quelle que soit la composition de la famille.

Pendant des décennies la société a jugé que les parents qui élevaient un enfant seul étaient incompétents ou insuffisants et n’offrait pas un contexte bénéfique pour l’enfant. Ensuite ça a été les familles recomposées, et aujourd’hui encore, les familles homoparentales ou définies comme famille arc-en-ciel, étaient et sont perçue comme des foyers instables ou inappropriés pour élever un enfant par certain.  

Ces jugements étaient et sont généralement engendrés par la peur et l’incompréhension. Il est certain que le contexte familial influence le développement de l’enfant, mais il serait injuste de dire que ça le définit.

La relation mère-enfant a, elle aussi, été la base de multiples théories abordant le bon développement de l’enfant. Là aussi, il est certain que le lien mère biologique et enfant à un impact, la connexion qui se tisse durant la vie in utero est encore peu exploré, mais personne ne peut nier son existence. Mais elle ne définit ni l’enfant ni la mère.

Heureusement, aujourd’hui, de plus en plus d’étude démontrent que la constitution familiale ne définit pas un impact « positif ou négatif » dans le développement de l’enfant.

Au contraire, il est de plus en plus prouvé que ce qui importe c’est le cadre dans lequel l’enfant évolue, la qualité de sa relation avec ses personnes de références, la qualité de l’éducation et de l’environnement, de l’accès au soin, etc. On peut d’ailleurs régulièrement observer l’impact des conflits parentaux et des dysfonctionnements familiaux sur l’enfant et ils n’ont rien à avoir avec la manière dont la famille est constituée.

Ce dont l’enfant a besoin c’est de modèle épanoui capable de prendre des décisions pour leur bien, avec qui construire des relations de qualité qui répondent à leurs besoins. Il a aussi besoin d’un contexte sécurisant, et de personnes qui répondent à ses questions et à ses inquiétudes.

Le rôle des professionnels

Lorsqu’on travaille avec des familles ou des enfants, ou plutôt dès que nous travaillons avec l’être humain. Nous ne pouvons pas mettre de côté la notion de famille. Le chemin, le vécu et les expériences sont des éléments importants pour comprendre et accompagner le bénéficiaire.

C’est particulièrement le cas lorsqu’on accueille un enfant dans une structure. Le chemin pour faire famille et être considéré comme une famille peut apporter beaucoup de clarté sur les comportements actuels que les parents ont avec l’enfant, leurs peurs, leurs sentiments culpabilités, leurs attentes, leurs besoins, etc.

Mais, travailler avec l’être humain demande aussi un travail sur soi et sur ses perceptions. On ne peut pas aborder le travail avec les familles ou les réseaux d’un bénéficiaire sans travailler d’abord sur notre perception générale de la famille. Chaque situation créée des résonances plus ou moins importantes. Car notre perception de la famille va impacter notre manière d’accompagner l’enfant, de prendre en considération les inquiétudes des parents, notre perception de ce qu’ils font ou non, de bien ou non, et surtout impacter notre accompagnement envers l’enfant.

Selon le parcours de vie, les familles peuvent avoir de grande appréhension à faire confiance, se sentir en sécurité, collaborer et construire un partenariat avec les professionnels. Ils peuvent craindre d’être jugés ou incompris ce qui peut être un frein à un accompagnement optimal de l’enfant.

En travaillant sur sa vision et sa perception du « faire famille », le professionnel offre aux parents et autres membres de la famille la possibilité d’avoir un espace sain et collaboratif. Un espace essentiel pour l’accompagnement.

Conclusion

« Faire famille » est à la fois un processus de construction permanent qui demande une adaptation constante. Faire famille n’est pas simple, mais c’est encore plus difficile lorsque la société définit qu’on ne « fait pas famille » dans le sens que notre cheminement ne colle pas au processus connu ou « admis » par cette même société.

C’est à chacun de construire son propre schéma, sa parentalité et les relations au sein de cette famille pour autant que l’intégrité physique, psychique et émotionnel soient garanties.

Mais c’est à nous tous d’admettre qu’être perçus comme une famille ne correspond pas à un schéma prédéfini par la culture, la société, la religion, ou le bien commun, faire famille va bien au-delà de ces facteurs.

La manière dont on se représente la famille et dont on construit la nôtre, influence notre capacité à accepter celle des autres. Il est donc important de toujours tenir compte qu’il n’y a pas qu’un chemin et que chacun de ces chemins comporte de nombreuses difficultés.

Articles et livres

Fleury, C. (2016). Qu’est-ce que « faire famille » ? Dans : Daniel Coum éd., Avons-nous besoin de père et de mère (pp. 11-27). Toulouse : Érès. https://doi.org/10.3917/eres.coum.2016.01.0011

RadioFrance (2023) Comment faire famille quand les réunions de famille, les cousinades sont une corvée ? Réponse et anecdotes de Julien Bisson :

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/ma-vie-de-parent/ma-vie-de-parents-de-gwenaelle-boulet-du-mercredi-01-novembre-2023-4570654

Galabru, S. (2023). Faire famille, Une philosophie des liens, Allary Éditions

Richard, G. (2022) Faire famille autrement. Bing Audio, Collection Sur La Table.

Ausloos, G. (1995) La compétence des familles, Temps chaos, processus, Édition érés.

Rossier C. et Potarca G. (2018) Les familles en Suisse : coincées dans le moule traditionnel ? Université de Genève :

https://www.unige.ch/sciences-societe/socio/fr/enseignements/master/forum-de-recherche/forum-de-recherche-sociologique-2017-2/blog/les-familles-en-suisse-coincees-dans-le-moule-traditionnel/

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Bibliographie

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